Avis à ceux qui parlent sans science – Dr. Hâtim Al-Sharîf
Afin d’atténuer l’intensité des discussions vives qui se déroulent entre eux, d’imposer le respect de la différence supposée et afin de les empêcher d’aller à l’encontre du consensus indubitable quant à l’interdiction de la contrainte et de la dénégation dans les cas de différence supposée, je questionne souvent ces gens zélés au moment où ils abattent les arguments en faveur de la thèse qu’ils défendent ou lorsqu’ils s’emballent dans la protestation en invoquant les prétextes usuels de consensus.
Je leur dis : « Ces textes que vous brandissez comme preuves sont-ils décisifs ? Et ce consensus que vous ne cessez d’invoquer est il certain ou fantasmé ? ». Ce que j’entends souvent comme réponse de leur part, c’est : « Oui, oui. La preuve dans tel sujet est décisive et le consensus est certain. »
C’est ainsi que la réponse vient dans la plupart des cas avec cette impertinence qui va jusqu’au manque de respect envers la science et au manque de pudeur vis-à-vis de la solennité de la science et du prestige de la connaissance.
Il est fréquent que celui qui répond ne sache pas distinguer le texte qui ne peut avoir qu’un seul sens du texte qui a un sens apparent mais qui tolère d’autres interprétations. Même lorsqu’il connaît la différence théorique (en ayant appris par cœur la définition), il n’arrive pas à exploiter cette connaissance. En effet, il n’arrive pas à en tirer un bénéfice pratique car faire la différence entre les deux types de texte découle de l’étude approfondie de la langue des Arabes et de leur façon de parler, d’une prise de conscience de la richesse de cette langue, d’une recherche du plaisir de pratiquer ses styles d’expressions et de la rigueur dans la compréhension des diverses formulations influent sur le sens d’un texte.
Sans tout cela, un individu aura beau avoir étudié les bases de la jurisprudence islamique (Usûlu l-fiqh) et avoir lu et mémorisé tous les livres qui en traitent, il ne saura pas distinguer le texte qui ne peut avoir qu’un seul sens du texte qui a un sens apparent mais qui tolère d’autres interprétations et ne saura pas affirmer lequel de ces deux cas se trouve en sa présence.
Il est tout aussi fréquent que celui qui répond ne sache pas distinguer le consensus certain du consensus fantasmé ni comment appréhender la différence entre les deux ni même que cette différence induit une inégalité de traitement vis-à-vis de chaque cas et à quel point il est permis d’être divergent concernant cette différence.
Il est possible de diagnostiquer cette ignorance complexe grâce à une question simple. Il suffit de poser la question suivante : « Quelles est la différence ? » ou « Comment fais-tu la différence ? » ou de poser cette question sous une autre forme concernant cet édifice sur lequel notre ami veut se percher. La réponse ne tarde pas à arriver et elle est un indice pertinent de l’ignorance de notre ami ainsi que de son ignorance de sa propre ignorance. Si aucune réponse ne se manifeste, c’est un silence intellectuel qui prend forme masqué par un bavardage inutile qui se termine tardivement par la phrase « Je ne sais pas ». Cette reconnaissance de son ignorance intervient après que notre ami prétende connaître la réponse alors qu’il sait qu’il ne la connaît pas !!
Il contredit le savant et lève l’étendard de l’alliance et du désaveu alors qu’il est ignorant. Malgré toute cette ignorance des principes de détermination du degré de divergence (est-elle significative ou non ?), notre ami trouve l’audace et l’impertinence de dire après tout cela : « La preuve est décisive et le consensus est certain ».
Les individus de cette catégorie ont besoin d’être éduqué avant d’être instruit. Ils ont besoin également depurifier leur âme afin qu’ils apprennent à ne pas émettre d’avis sur un sujet qu’ils ne maîtrisent pas.
En effet, s’abstenir de parler de ce dont on ignore est une attitude instinctive qu’adoptent toux ceux dont la nature est saine comme les bédouins et les illettrés et ce, malgré la profondeur de leur ignorance car leur âme est plus pure et leur instinct plus sain que certains parmi ceux dont nous parlons.
Pour finir, je dirais que même si j’ai donné des caractéristiques, je n’ai désigné personne en particuliers. J’ai certes été d’une certaine dureté qui est cependant nécessaire si on veut mettre le doigt sur une mauvaise action et en faire éloigner les gens. Ceci est un devoir et une étape utile pour connaître les symptômes d’une maladie et pour prescrire un remède efficace.
Source : al-madina.com